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Elles étaient 12 bénéficiaires du projet « Jeunesse et Stabilisation pour la Paix et la Sécurité dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun » (JSPS) à avoir exposé leur savoir-faire au Centre de Promotion de la Femme et de la Famille de Mora dans le Mayo-Sava. Après des mois de formation assurée par UNFPA, c’est pour marquer la célébration de la Journée Internationale de la femme (JIF) le 08 mars dernier que les divers produits fabriqués par ces jeunes femmes ont été présentés au grand public comme preuves de leur capacité de réinsertion socio-professionnelle.


Photo de famille des bénéficiaires avec les
acteurs de développement. Photo/ Ebenezer Koumla
UNFPA/RESAEC mars 2021.

Des survivantes de Boko-Haram avec des histoires semblables à quelques détails près, sont aujourd’hui outillées pour la vie active. Elles ont vécu les horreurs des attaques. Elles ont vu les leurs se faire froidement assassiner, enlever ou être violés. Pour la plupart, le retour à la maison ou vers la famille a été possible grâce à l’intervention des forces de défense et de sécurité. Une fois de retour, ces jeunes femmes avaient presque tout perdu dans la crise. Elles vivaient au jour le jour avec une pitance plus ou moins incertaine. Sur le plan émotionnel et social, elles subissaient parfois des discriminations du fait des préjugés portés sur elles au de leurs communautés.

Grâce au projet conjoint JSPS mis en œuvre par UNFPA, UNICEF, PNUD et financé par l’Union européenne, 350 jeunes femmes survivantes de la crise Boko Haram bénéficient d’un accompagnement psychosocial et de réinsertion socio-économique dans département du Mayo-Sava. Pilotée par UNFPA, cette initiative se réalise au sein de quatre centres d’accompagnement psychosocial (CAPSYSO) dans les localités de Mémé, Limani, Amchidé et Kolofata. En plus de la prise en charge psychologique et psychiatrique, ces centres offrent des espaces d’encadrement, d’apprentissage et de loisir aux jeunes, y compris les jeunes femmes, afin de renforcer leur résilience, leur réinsertion sociale et leur retour dans la vie normale. La sensibilisation sur la paix et l’égalité de genre ; ainsi que les activités génératrices de revenus font partie intégrante de l’offre de service de UNFPA et les agences sœurs du Système des Nations Unies.


Vue d'ensemble des exposantes. Photo/ 
Ebenezer Koumla UNFPA/RESAEC mars 2021.

La réinsertion socio-économique comprend dans un premier temps la formation des bénéficiaires dans les domaines aussi variés que la couture, la décoration, le petit commerce, la mécanique et l’agroalimentaire. Le projet offre dans un deuxième temps les micro-financements pour appuyer le démarrage ou le développement des activités génératrices de revenus alignées aux formations offertes. Parmi les besoins exprimés par les bénéficiaires, il y a l’acquisition des machines pour la transformation artisanale des produits agricoles tels que l’arachide et le soja ; l’achat des outils et ustensiles pour les unités de restauration ainsi que les machines et accessoires pour des ateliers de couture. Après leur formation, les 12 jeunes femmes du Mayo Sava ont mis à profit la célébration de la JIF pour mettre en évidence les compétences acquises. Ce qui démontre leur aptitude pour la réinsertion socio-économique et pour un retour à la vie normale au sein de leurs communautés respectives. 

Aissatou, l’une d’elles raconte : « Avant, on était comme ça, on ne faisait rien. Il y avait toujours des problèmes entre nous et les autres femmes du village. Mais depuis que nous sommes ici, tout va beaucoup mieux. Nous apportons un savoir qui est apprécié par tout le monde. Nous sommes désormais capables de rendre un service qui nous permettra de gagner un peu d’argent »,

Des pâtes alimentaires locales, de l’huile d’arachide, des pots de fleurs parfumés, des tissus teints, des éventails traditionnels et d’autres articles exposés par ces 12 jeunes femmes résilientes, sont le témoignage vivant de ce qu’elles sont désormais à même de réaliser, grâce aux interventions de UNFPA. Une satisfaction pour les bénéficiaires qui voient à travers ces activités, une deuxième chance que la vie leur offre.


Visite guidée des stands. Photo/
Ebenezer Koumla UNFPA/RESAEC
mars 2021.

Une satisfaction également pour les autorités administratives locales représentées pour la circonstance par Mataraï Lake, 2e adjoint au préfet du Mayo-Sava. Il a félicité ces jeunes femmes pour leurs prouesses et les a exhortées à encourager leurs semblables à revenir du bon côté.

Le projet conjoint JSPS est mis en œuvre dans 12 localités des départements du Logone-et-Chari, du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga, en proie à des attaques de Boko Haram.  Il a pour objectif de contribuer à la stabilisation pour la paix et la sécurité dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, à travers des actions visant à prévenir toutes les formes de violence chez les jeunes les plus exposés à l’endoctrinement, à l’enrôlement et à la rechute dans les bandes armées.