C’est devant un parterre impressionnant de cinq membres du gouvernement, des partenaires techniques et financiers, des organisations de la société civile et des médias que Alamine Ousmane Mey, Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire et Président du Comité de Pilotage du Projet d’Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique dans le Sahel (SWEDD), phase 2, a présenté ce 15 Mai 2025, le bilan technique et financier de cette initiative régionale au Cameroun. Il s’est saisi de l’occasion pour projeter les perspectives de poursuite de la mission dans le cadre du SWEDD+.
C’est avec un bilan élogieux de 92 % des indicateurs d'objectifs de développement, 80,7 % des indicateurs de résultats intermédiaires et un taux de décaissement de 81% réalisés que le projet SWEDD 2 a été clôturé. Les 16 milliards de F CFA qui lui ont finalement été crédités par la Banque Mondiale, suite à la restructuration du projet en février 2024, ont été investis dans les interventions stratégiques visant à maintenir les filles à l’école, à développer le capital humain des femmes et à accroître leur autonomisation économique en vue d’accélérer la transition démographique.
Le Ministre Alamine Ousmane Mey a présenté le SWEDD comme une initiative régionale lancée en 2015 par la Banque mondiale, le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), l'Organisation Ouest-Africaine de la Santé (OOAS), l'Union Africaine et les premiers pays bénéficiaires. Le Cameroun a rejoint la deuxième phase en 2021 afin d'accélérer la mise en œuvre de sa Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30) dont un des piliers est le développement du capital humain et le bien-être des populations.
A l’adhésion du Cameroun à l'initiative SWEDD, l’indice national du capital humain se situait à 0,397, pour un objectif de 0,56 fixé par laSND30.Le taux de croissance démographique était de 2,7 %, l'espérance de vie à la naissance de 54 ans et le taux de fécondité de 4,6 enfants par femme. En raison de l’existence de fortes disparités régionales, ces indicateurs étaient encore plus préoccupants pour les régions de l'Extrême-Nord, du Nord et de l'Adamaoua. C’est pourquoi le Gouvernement a opté de mettre en œuvre le Projet SWEDD dans les trois régions septentrionales du Cameroun, avec comme cible 703 174 femmes et filles, âgées de 10 à 24 ans, identifiées comme courant le risque d'abandon scolaire, de mariage et de grossesse précoces.
Malgré quelques difficultés de démarrage, le Projet SWEDD du Cameroun a mis en place des dispositifs durables de sensibilisation pour le maintien des filles à l’école. Environ 45 espaces sûrs ont été aménagés dans les communautés pour renforcer la lutte contre les violences basées sur le genre, la mobilisation en faveur de la masculinité positive et les investissements pour l’autonomisation économique des femmes. En outre, 167 centres d’encadrement et de formation professionnelle ont été équipés pour accueillir 66 000 femmes et filles par an.
Ce ciblage correspond aux objectifs du gouvernement tel que précisé par le Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, Pr. Marie Thérèse Abena Ondoa : « l’ambition était de renforcer les capacités opérationnelles des structures d’encadrement des femmes et filles afin d’éradiquer les mariages et grossesses précoces et la déscolarisation des filles dans les trois régions d’intervention du projet ». En plus d’avoir formé 620 sages-femmes dans la gestion des complications obstétricales, le projet SWEDD 2 a aussi équipé 16 écoles de sage-femmes pour améliorer la qualité de la formation et assurer la disponibilité du personnel de santé qualifié dans les trois régions cibles du projet.
En plus de l’assistance technique, le projet SWEDD du Cameroun a conclu un accord d'entente dont la mise en œuvre intégrale a permis au SWEDD d’acquérir une importante flotte d’équipements et de matériels roulants. Pour en citer quelques-uns, 12 cliniques mobiles, 3 ambulances et 04 camions frigorifiques ont été acquis. Ils permettent d’offrir les soins et services de santé de qualité, en même situation d’urgence ou dans le cadre des stratégies avancées en direction des communautés, d’assurer la disponibilité des produits médicaux, de transfusion sanguine et des contraceptifs, la référence des patientes et femmes enceintes. En recevant les équipements qui lui ont été rétrocédés par le SWEDD 2, le Ministre de la Santé Publique, Dr Manaouda Malachie, a indiqué que l’important maintenant était, « d’amener les soins vers les populations. La clinique mobile par exemple va permettre de désenclaver certaines zones où il y avait une faible demande de soins et services ». C’est le sentiment similaire le Représentant Résident de UNFPA, Dr Justin Koffi, pour qui, la réussite des interventions stratégiques en appelle à la mobilisation de tous pour le passage à l’échelle. Car : « la fenêtre d’opportunité que nous avons en ce moment doit être saisie avec précaution pour réaliser la capture du dividende démographique ». Dans cet élan, Dr Aissatou Diack, spécialiste de santé au Bureau Cameroun de la Banque Mondiale, a réitéré la disponibilité de son institution de poursuivre sa coopération avec le Cameroun dans le domaine de promotion du dividende démographique.
A travers cette initiative, UNFPA, l'agence des Nations Unies pour la Santé Sexuelle et Reproductive, réitère son engagement auprès du Gouvernement du Cameroun pour l'autonomisation des femmes et des filles.