Yaoundé, CAMEROUN: En mettant la créativité et l’innovation au service de l’autonomisation de la femme, les filles ingénieures de l’Ecole Polytechnique de Yaoundé, ont mis au point des projets innovants qui participent aussi à la gestion durable des ressources environnementales. Ces innovations ont été portées à la connaissance du public lors du Salon International de l’Entreprise et du Partenariat de Yaoundé (PROMOTE).
Plus de 1300 exposants venus de différents coins du monde ont présenté leurs produits et savoir-faire devant environ 182 000 visiteurs, en quête d’opportunités d’affaires et de prospérité lors du salon PROMOTE, tenu du 17 au 25 février 2024 à l’esplanade du Palais des Congrès de Yaoundé. Présent au pavillon des Nations Unies, UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la Population, était accompagné de ses partenaires stratégiques, à l’instar de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI), de l’Association des Filles de l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé (AFENSPY) et l’Association des Buyam Sellam du Cameroun et de la Diaspora (ASBY), pour promouvoir l’innovation comme moyens d’autonomisation des femmes et des filles et d’atteinte des Objectifs de Développement Durable.
L’effervescence était à son comble ce jeudi, 22 février 2023 lorsque Monsieur Denis L. Bohoussou, Directeur Général de l’OAPI et Madame Liliane Munezero, Coordinatrice du programme de lutte contre les violences basées sur le genre qui représentait le Dr Justin Koffi, Représentant Résident du UNFPA au Cameroun, ont ouvert les stands de leurs institutions respectives et partenaires au Salon PROMOTE. Dans un premier temps, le personnel de l’OAPI a fait un bref exposé sur le mandat, les missions et les activités que mène cette organisation panafricaine aussi bien pour ses 17 Etats Membres que pour les innovateurs et les utilisateurs des services de propriété intellectuelle, à l’instar des grandes entreprises et organisations venues à PROMOTE, mais aussi les filles et femmes de la société civile et du secteur informel telles que celles d’ AFENSPY et d’ ASBY.
Des projets d'innovation pour les femmes et par les femmes: L’AFENSPY a pris le relais en présentant quelques projets d’innovation technologique de ses membres qui permettent à la fois d’accroitre l’autonomisation des femmes et de valoriser l’utilisation des ressources environnementales. L’une de ces innovations portait sur la production de l’énergie électrique à base des plantes. Le test réalisé était fait sur l’Aloès Vera, une plante répandue au Cameroun et utilisée dans les domaines cosmétique et médical. Les filles ingénieures de l’AFENSPY estiment que non seulement cette énergie électrique est propre, renouvelable et à faible coût, elle est aussi modulable selon les besoins d’utilisation, par une personne, une famille, un groupe de familles, un village, etc. Ce qui pourrait en faire un bien accessible à toutes les couches sociales, au cas où un procédé de production industrielle ou semi industrielle venait à être mis au point par le moyen de l’investissement.
L’autre projet d’innovation présenté par les filles d’AFENSPY était la transformation et la conservation des épices utilisées dans la cuisson des repas au Cameroun. Ces filles ingénieures avaient constaté, d’une part que la cuisson des repas consommait énormément le temps des femmes et les maintenait durablement à la cuisine, d’autre part qu’il y avait beaucoup de pertes d’épices pendant les périodes de récolte alors qu’il en manquait le reste du temps. Par ailleurs, les bassins de production étaient enclavés et éloignés des grands marchés de consommation. Tout ceci créait les pénuries, la non-disponibilité et la non-permanence des épices sur les comptoirs des marchés. En guise de solution technique, les filles ingénieures de l’AFENSPY ont trouvé que la transformation et la conservation des épices au moment de la récolte pouvait aider à approvisionner les marchés et les ménages de façon permanente. Les prototypes d’épices transformées et conservées ont attesté qu’il suffirait qu’un dispositif industriel se mette en place par le biais de l’investissement pour satisfaire une demande sans cesse croissante et faire gagner un peu plus de temps libre aux femmes.
Au stand de UNFPA, les mêmes acteurs ont privilégié de présenter les liens entre la créativité des filles ingénieures, le dynamisme des femmes entrepreneurs d’ASBY et l’impact positif que leur mise en synergie peut générer dans la chaine de valeurs du secteur de l’agro-business qui recrute plus de 62% de son personnel parmi les femmes. Il s’agit donc d’un secteur potentiellement pourvoyeur de revenus pour les femmes dont il importe d’accroitre la productivité et la rentabilité. Pour Liliane Munezero, « l’autonomisation économique de la femme réduit sa vulnérabilité aux violences basées sur le genre, renforce son leadership et sa contribution au développement familial et national. Cela permet à un pays comme le Cameroun de capturer plus aisément le dividende démographique et d’accéder à l’émergence à l’horizon 2035 ».
Toutes initiatives ont montré à suffisance que les filles ingénieures d’AFENSPY et les femmes entrepreneurs d’ASBY ont le potentiel de rationaliser l’utilisation des ressources naturelles, d’améliorer la productivité du secteur agroalimentaire et de faire augmenter les revenus des femmes. UNFPA dont l’un des accélérateurs du programme est le partenariat, a mis en vitrine le potentiel qu’une mise en synergie des filles ingénieures, des femmes entrepreneures et les acteurs de la gestion de l’innovation peut avoir dans le cadre d’un plaidoyer en faveur de l’égalité du genre, d’autonomisation des femmes en vue d’accroitre leur participation développement.