Motchéboum - Région de l’Est, Cameroun / 26 Mai 2023. 200 éléments des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) du Cameroun ont vu leurs capacités renforcées sur les questions de prévention des violences et abus sexuels en situation de conflit. C’etait dans le cadre d’un atelier organisé conjointement par UNFPA, le Ministère de la Défense (MINDEF) et le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF) à l’intention d’un contingent des forces armées camerounaises, en prélude à leur déploiement au sein de la MINUSCA.
Cette formation s'est tenue du 24 au 26 Mai 2023, au Centre d'Entraînement et d’Aguerrissement en zone Forestière de Motcheboum, une structure clé dans la dynamique de professionnalisation de l'armée camerounaise. Elle s’inscrit dans la ligne du nouveau Plan d’Action National 2022-2026 dont le Cameroun s’est doté pour satisfaire les obligations contenues dans la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la Femme, Paix et Sécurité.
Conformément à ses engagements sur la scène internationale en soutien aux efforts visant le retour et le maintien de la paix dans le monde, le Cameroun déploie, depuis près d’une
décennie et de façon permanente, un bataillon d’infanterie et deux unités de police constituées de la Gendarmerie Nationale au sein de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation en Centrafrique (MINUSCA). Le pays a également déployé un important contingent, au sein de la Force Multinationale Mixte (FMM), pour la stabilisation de la Région du Bassin du Lac Tchad qui fait face depuis une décennie à une insurrection des groupes armés non-étatiques. Au-delà des aptitudes et capacités opérationnelles des unités, il est attendu des éléments formés qu’ils respectent le cadre normatif régissant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Il s’agit ici de la Charte des Nations Unies, le Droit International Humanitaire, les Droits de l’Homme et le mandat du Conseil de Sécurité à la MINUSCA. Cette démarche tend à contribuer au maintien de la paix mais également à éviter d’encourir les sanctions à même d’entacher la respectabilité et l’honorabilité du pays, et même de compromettre les actions de la mission, au cas où des infractions quelconque seraient commises.
Avec l’appui technique de l’UNFPA, cet atelier s’est donc focalisé d’une part à transmettre les connaissances des participants sur la prévention des violences sexuelles liées aux conflits conformément au Droit International Humanitaire, les sanctions en cas de non-respect des règles édictées et, d'autre part, avoir une tolérance zéro vis-à-vis de l’exploitation et abus sexuels (EAS) commis par le personnel militaire déployé en mission de maintien de la paix des Nations Unies.
Dans un contexte de conflit et d’insécurité, les systèmes de santé et de justice s'effondrent inéluctablement. Ceci rend les femmes et les personnes des groupes vulnérables plus exposées aux risques de violences sexuelles sans pouvoir bénéficier des services et d’une réparation quelconque. La violence sexuelle détruit des vies et viole les droits de l’Homme. UNFPA, l’Agence des Nations Unies pour la Santé Sexuelle et Reproductive, coordonne la lutte contre la Violence Basée sur le Genre dans plus de 30 contextes d’urgence dans le monde. Il s’agit d’un réseau solide composé de milliers d’intervenants et d’acteurs locaux engagés dans l’élimination de la violence sexuelle grâce à la prévention, aux actions de proximité et à l’atténuation des risques.
L'élimination des violences sexuelles liées au conflit: une priorité pour les Etats et les acteurs humanitaires.
Depuis plus d’un siècle, le droit international prohibe le viol et les autres formes de violences sexuelles en temps de conflit armé. Les quatre Conventions de Genève et leurs deux Protocoles additionnels condamnent le viol et autres violences sexuelles comme étant des graves violations du droit humanitaire des conflits internationaux et internes. Dans les conflits armés internationaux, de tels crimes sont des infractions graves et sont considérés comme crimes de guerre. Par ailleurs, pendant les conflits internes, les violations impliquant des attaques directes contre des civils sont de plus en plus reconnus comme étant des crimes de guerre. Cependant, partout dans le monde, les violences sexuelles en période de conflit armé continuent à être rapportées. Ce qui est inacceptable. Dans ce contexte, le Cameroun, et plus précisément le Ministère de la Défense met en œuvre des activités spécifiques, en soutien à la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de lutte contre les VBG, du Plan d’Action Nationale de la Résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies 1325.
La crise sécuritaire et socio-politique en République Centrafricaine a un impact humanitaire considérable sur la sous-région Afrique Centrale et le Cameroun en particulier.
Il faut dire que le conflit sociopolitique et sécuritaire qui sévit depuis plusieurs années en République Centrafricaine a conduit à des déplacements massifs aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières du pays avec un impact humanitaire énorme sur les personnes affectées. En 2023, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) estime à environ 3,4 millions le nombre de personnes dans le besoin de protection et d’assistance à l'intérieur de ses frontières. A l'extérieur, le conflit a des répercussions sur la sous-région. Selon le document de synthèse des besoins humanitaire au Cameroun (“Cameroon Humanitarian Needs Overview 2023”), le Cameroun, par exemple, accueille environ 356 000 réfugiés centrafricains ayant fui les violences, et vivant principalement dans les trois régions de la façade Est du pays, à savoir l’Adamaoua, l’Est et le Nord.