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Mesdames et Messieurs les Ministres

Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs

Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique et des Organisations Internationales

Honorables Membres du Parlement

Eminences les Imams, dignitaires musulmans et autorités religieuses,

Distingués invités

Mesdames et Messieurs, en vos rangs, grades et titres respectés.

 

C’est pour moi un grand honneur et un agréable devoir de prendre la parole ce jour, au nom du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la « Conférence Internationale sur la Paix, l’Unité Nationale et le Vivre Ensemble » qu’organise ici à Yaoundé le Conseil des Imams et Dignitaires Musulmans du Cameroun (CIDIMUC).

Avant de poursuivre mes propos, permettez-moi d’adresser mes vives et chaleureuses félicitations au CIDIMUC à l’occasion de son dixième anniversaire au service de la foi et du bien-être des peuples. La force de ces valeurs partagées que sont la foi et le souci du bien-être est un facteur de rassemblement pour l’ensemble des institutions et personnalités présentes à cette conférence, et bien au-delà de ces murs.

UNFPA salue le Gouvernement du Cameroun pour avoir permis que ces assises se tiennent et qu’elles participent à l’effort national pour la consolidation de la paix, gage du développement et de l’émergence. Nous saluons également  la présence des délégations venues du Niger, Soudan, Centrafrique, Guinée Equatoriale, Gabon, Burkina Faso, Algérie, Tchad, Mali et Nigeria. Cela atteste que le message de paix et développement qu’annonce le CIDIMUC depuis une décennie connait déjà un impact mobilisateur au niveau régional. Qu’il nous soit permis de saluer enfin la participation de Son Excellence le Dr. Hamid ALGABID, Ancien Premier Ministre du Niger et Ancien Secrétaire Général de l’Organisation de la Conférence Islamique.

Avec autant d’atouts, le CIDIMUC peut se réjouir d’avoir fait œuvre utile en dix ans d’existence. Il y a lieu d’espérer que d’ici quelques années la moisson sera beaucoup plus grande encore. UNFPA et le Système des Nations Unies remercient donc à juste titre le privilège d’avoir été associés à cette manifestation qui restera sans doute dans l’histoire comme une ingénieuse démarche de recherche des pistes du renforcement de la cohésion sociale et du vivre ensemble au Cameroun et en Afrique.

Excellences

Mesdames et Messieurs

Le thème de la conférence internationale du CIDIMUC porte sur la paix, l’unité nationale et le vivre ensemble. Ce thème est d’une grande pertinence au regard de l’actualité internationale, régionale et nationale marquée par une montée sensible de la violence. L’un des sous-thèmes retenus par les organisateurs rentre dans le domaine d’activité quotidienne de UNFPA. Il s’agit de la thématique du dividende démographique vu comme facteur de développement ou de cohésion sociale.

En parler à cette cérémonie inaugurale de la conférence me donne l’opportunité de rappeler que UNFPA est l’Agence des Nations Unies pour la santé de reproduction.  Sa mission est de réaliser un monde où chaque grossesse est désirée, où chaque accouchement est sans danger et où le potentiel de chaque jeune est accompli. Peut-être vous êtes en train de vous demander quel rapport y aurait-il entre ceci et le thème du jour ?

Permettez-moi d’évoquer ici trois cadres de références qui sous-tendent l’action de UNFPA et qui aident à comprendre comment le dividende démographique est un facteur du développement et aussi de cohésion sociale.

En premier lieu, il y a la Conférence Internationale sur la Population et le Développement de 1994 au Caire en Egypte. C’est lors de cette conférence qu’un consensus mondial était bâti sur l’évidence d’interconnexion entre la population – sa quantité, sa qualité, sa composition- et le développement durable. Le message à cette époque, il y a déjà 24 ans, était l’importance d’égalité entre les sexes pour qu’une population puisse contribuer au maximum à son propre développement. La conférence a explicitement mis l'accent sur la valeur de l'engagement en faveur des femmes et des filles, à la fois comme une fin en soi et comme un moyen d'améliorer la qualité de vie de toute la population. Elle a également affirmé l'importance de la santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale, comme condition préalable à l'autonomisation des femmes. Elle a enfin appelé à mettre un terme aux violences sexistes et aux pratiques rituelles néfastes.

En deuxième lieu, prenant acte des résultats de la Conférence de Caire, UNFPA publie annuellement des analyses statistiques et qualitatifs sur l’Etat de la Population Mondiale. Ces données mettent en exergue les différentes dimensions du capital humain et la manière dont ces dernières influencent le développement d’un pays. En 2014, 20 ans après la Conférence du Caire, UNFPA a mis l’accent sur la population jeune, et l’importance de formuler des politiques économiques et sociales favorable à cette tranche de la population afin de maximiser le développement durable des pays. 

En troisième lieu, je voudrais parler de la Résolution 2250 du Conseil de Sécurité des Nations Unies en 2015 consacrée sur la jeunesse, la paix et la sécurité.  Cette résolution porte sur le rôle des jeunes hommes et femmes dans la mise en œuvre de la paix et la lutte contre l’extrémisme violent. Elle exhorte les États Membres à examiner les moyens d’accroître la représentation inclusive des jeunes dans la prise de décision, à tous les niveaux, et de proposer des mécanismes pour la prévention et la résolution des conflits, en partenariat avec les jeunes.  Elle répond enfin aux possibilités limitées qu’ont les jeunes de pouvoir participer aux processus de paix, en appelant à leur intégration dans les négociations et les efforts de consolidation de la paix dans chaque pays.

Le dividende démographique n’est qu’un cadre référentiel qui consolide ces principes de base : un, que la population, homme et femme, vue sous l’angle du capital humain, est un facteur essentiel dans le développement économique et social d’un pays ; deux, que dans les pays en voie de développement, la jeunesse entre 10-24 ans constitue plus d’un tiers de la population totale, et donc par leur poids démographique ils jouent un rôle clé dans le développement ; trois est que la jeunesse peut et doit jouer un rôle important dans la gestion de la paix - qui est lui-même un facteur intégral du développement.

UNFPA a pour mission d’accompagner les Gouvernements des pays hôtes sur les thématiques présentées dans ces cadres de références. Elle propose des stratégies et des outils susceptibles d’accélérer l’atteinte des objectifs de développement durables adoptés aussi bien par la communauté internationale que par les pays à l’échelle national. A titre d’exemple, UNFPA travaille main dans la main avec l’Union Africaine dans le cadre de la mise en œuvre de son Programme pour le développement durable à l’horizon 2030 et son Agenda 2063. En fait, l‘Union Africaine a consacré l’année 2017 au dividende démographique, et encourage chaque pays à adopter une feuille de route pour en tirer pleinement profit en investissant dans la jeunesse. Cela confirme que les chefs d’Etats et de Gouvernement d’Afrique perçoivent le poids de la jeunesse de leurs pays respectifs, plus comme une opportunité à saisir et non comme une menace.

Mes collègues seront avec vous lors des discussions aujourd’hui et demain et pourraient décrire en détails le contenu de la feuille de route du Cameroun. J’invite les participants venant d’ailleurs de contacter leur Gouvernement ou le bureau de l’UNFPA de leur pays pour savoir plus sur la feuille de route de leurs respectifs.

Bien que ces plans différent d’un pays à l’autre, l’enjeu pour tous est d’assurer un développement harmonieux. Pour y parvenir, l’approche de dividende démographique propose une planification du développement axé sur quatre piliers qui sont très interdépendants et doivent aboutir à une synergie inter-sectorielle, à savoir :

  • Investir dans l’éducation et la formation professionnelle des jeunes en adéquation avec l’économie du pays ;
  • Investir dans la santé et plus particulièrement dans la santé reproductive des jeunes, surtout d’éviter les maladies transmissibles, les grossesses précoces et promouvoir les comportements qui vont protéger leur sante pendant leur vie ;
  • Investir dans les réformes facilitant l’accès à l’emploi ou à l’auto-emploi pour les jeunes dans tous les secteurs ;
  • Investir dans la gouvernance avec notamment un accent prononcé sur le rôle de la jeunesse pour contribuer à définir la vision du développement de leur avenir.

Ici au Cameroun, comme dans d’autres pays dans la région, UNFPA appuie le Gouvernement pour établir les documents de référence et d’analyser les données sur la population pour pouvoir planifier comment atteindre le dividende démographique. Car ce dividende, qui est mesuré en croissance économique et dépende de l’optimisation de cette grande population jeune dans nos pays, n’est pas automatique.  Ce n’est pas assuré. Ça dépende de l’efficacité des investissements comme je viens de décrire ci-haut ; et aussi ça dépende de l’engagement des communautés. Ces communautés devraient s’engager davantage dans la promotion de cette politique d’investissement dans la jeunesse, et aussi dans la promotion des changements positifs de comportement afin que la jeunesse puisse jouer pleinement son rôle dans le développement, dans la consolidation de la paix et dans le maintien du bien-être de la société.

Excellences

Mesdames et Messieurs

En résumé, l’accès aux opportunités et au bénéficie du dividende démographique se situe au bout d’un travail à la chaine qui implique plusieurs acteurs, y inclus les leaders que vous êtes. Votre engagement au bien être de vos communautés, votre voix bien écoutés par les hommes, femmes, jeunes et anciens de ces communautés, votre capacité de communiquer en confiance avec vos communautés, montrent l’important rôle que vous pouvez jouer a cote du Gouvernement pour aider à l’atteint du dividende démographique.

Je voudrais aussi confirmer l’engagement du Système des Nations Unies en général et l’UNFPA en particulier, d’accompagner le Gouvernement, les autorités religieuses, les chefs et dignitaires traditionnels et les leaders communautaires dans la réalisation de la feuille de route du Cameroun pour atteindre le dividende démographique et ainsi contribuer au développement durable et à l’Emergence en 2035.

Pour terminer mon propos, je voudrais renouveler ma profonde gratitude à l’égard du Conseil des Imams et Dignitaires Musulmans du Cameroun, des amis et partenaires du développement ici présents en les réitérant la disponibilité de partenariat de UNFPA et de l’ensemble des Agences du Système des nations Unies. 

Joyeux Anniversaire au CIDIMUC

Et que vive la coopération internationale

Je vous remercie pour votre aimable attention